Christelle Loury chante aujourd’hui aux 4 coins du monde. Elle prépare son nouveau spectacle du 5 mai à Avallon ainsi qu’un album live.
Vous êtes montée sur scène à l’âge de 19 ans, mais à quel âge avez-vous réellement commencé à chanter ?
5 ans. Dans la famille, j’étais la petite Esméralda. Quand j’étais petite, je disais toujours à mes parents « oh moi quand je serai grande, j’aurais une roulotte, des chevaux noirs et je partirai de village en village, sur les places et je chanterai, je chanterai pour tout le monde, pour que les gens soient heureux ». Donc dans toutes les fêtes de famille, à chaque fois, il n’y en avait qu’une qui montait sur la chaise et qui faisait son show, c’était moi. Tout le monde souriait et s’amusait de ça. Mais en grandissant, c’est vrai que ça ne m’a jamais quitté. J’ai toujours eu en moi cette part d’artiste.
Comment en êtes-vous venus à chanter Piaf ?
Fin 2012 ça a vraiment été le concert test, en décembre. Ce concert, au départ, je devais le faire avec mon guitariste. Et il se blesse au doigt une semaine avant. Donc impossible de jouer, pour lui. Je me reverrais toujours, devant ma glace, je mets mes boucles d’oreilles et puis je me dis mais qu’est-ce que je vais faire ? D’un seul coup, j’ai Edit Piaf qui est arrivée dans ma tête. Et je me dis « oui bien sûr ! ». 2013… on va fêter les 50 ans de sa mort ». Moi, depuis toujours, j’avais ce rêve de pouvoir l’interpréter. Mais pour moi, on n’interprète pas Edith Piaf à 20 ans. Il faut avoir vécu, il faut avoir connu des choses dans sa vie, autant des joies que des peines, des pertes de gens qu’on aime. Enfin j’avais l’impression vraiment que pour pouvoir comprendre Edith Piaf, il fallait avoir vécu quelque chose pour se rapprocher au plus près de ses mots et d’elle. J’avais envie d’en savoir plus sur elle. J’avais beaucoup lu sur elle, vu beaucoup d’interviews. Mais tout ça c’était dans un p’tit coin. C’est des moments de détente que je m’accordais. A partir de là, je me suis dit, pourquoi pas se lancer.
Est-ce que d’une certaine manière, vous vous êtes sentie plus proche de cette artiste ? Peut-on parler d’une connexion particulière ?
Oui, on peut vraiment parler de ça parce que j’ai l’impression, enfin on ne peut pas considérer que c’est un appel, mais en fin de compte, ce qui en plus était intéressant c’est que je ne voulais surtout pas imiter Edith. Le but du spectacle que j’avais créé, c’était de lui rendre hommage. Il fallait que ce soit Christelle qui soit sur scène. Et j’ai réussi le défi, parce que c’était très difficile. D’ailleurs, quand je présente la publicité, notamment dans d’autres villes de France, à la fin les gens viennent me voir et me disent « vous savez quand j’ai vu Edith Piaf, si ça se trouve ça va être encore une qui veut l’imiter, et puis non peut-être pas ». Puis quand ils sortent du spectacle, ils disent « c’est génial, vous êtes vous ». Et c’est ça qui est très important pour moi. Edith est là tout le temps mais c’est quand même Christelle qui raconte.
Ce spectacle vous a conduit à vous produire dans d’autres pays dont les Etats-Unis, à New-York, à Time Square. Vous pensiez y chanter un jour ?
Non, pas du tout. C’est vrai que quand j’ai eu cette opportunité, c’était vraiment extraordinaire. Ce qui s’est passé, c’est que je suis allée aux Etats-Unis pour des raisons personnelles. Donc j’ai essayé de faire des rencontres et j’ai eu cet écho de ce gros festival qui se produisait sur Time Square. Je suis rentrée en contact avec le directeur du festival et j’ai envoyé ma candidature. Et quand il a écouté ce que je faisais, banco. Pour moi, c’était top. J’étais présente avec les danseuses du Moulin Rouge qui n’étaient jamais venues aux Etats-Unis se produire et Dany Brillant, notre crooner romantique. J’ai donné deux concerts, le samedi plus le dimanche. C’était Broadway Avenue, on a fait 500.000 personnes sur le week-end ! C’était un brassage de populations, des gens de tout le pays et d’autres pays du monde, parce que Time Square, c’est la plus grande place du monde. Vraiment c’était extra, électrique on va dire (rires).
Vous préparez un album ?
A la fin de l’année je présente mes propres chansons au théâtre de Sens, le 15 décembre. C’est mes créations à moi, paroles et musiques. Je vais être entourée de plusieurs musiciens. Là je suis déjà en train de travailler dessus. Ça me fait très peur, bien sûr. Ça fait toujours très peur de présenter son propre travail. Le but c’était de présenter mes propres chansons mais quand même quelques reprises, mais alors décalées complètement, de les chambouler, toujours dans cette idée de surprendre. On va faire un enregistrement live des deux spectacles du 15 décembre, un à 16h et un à 20h30. On prendra les meilleurs moments. Ce qui est intéressant, c’est que le public sera là.
Cet album, c’est parce que vous vous arriviez à un moment de votre vie où vous vous sentiez prête à vous livrer ou bien vous aviez besoin de sortir de ces personnages-là ?
Alors des fois, vous allez avoir des artistes qui vont décider de directement créer parce qu’ils se sentent prêts et qu’ils ont envie de créer et peut-être de faire des reprises après. Moi c’était le contraire, j’ai eu besoin de me nourrir en fait de toute cette expérience d’interprétation. Parce que c’est un vrai travail, l’interprétation. Vous savez, Juliette Gréco disait toujours « une interprète c’est une servante ; une servante aimante et bienveillante qui est là pour servir l’auteur et les compositeurs ». C’est très fort parce qu’en fait, tous ces grands interprètes de cette époque-là, notamment de la mouvance réaliste, des textes qui parlent à tout le monde, c’était une période très riche, très faste en textes magnifiques. L’interprète va, du coup, devoir créer la chanson. Du coup, je me suis enrichie émotionnellement de tous ces artistes que j’aime vraiment chanter. Et puis à côté, ça fait une quinzaine d’années que j’écris. Il y a des textes que j’avais écrit il y a 10 ans et là que je ressors.
Vous vous dites libre et indépendante sur votre site, ça vous caractérise vraiment ?
Oui, j’ai déjà plusieurs producteurs qui m’ont déjà approchée. Mais le problème c’est qu’une fois que vous signez avec un producteur, vous ne pouvez plus être libre. Vous devez respecter le contrat que vous avez signé, vous devez faire ce qu’il vous dit et du coup peut-être changer qui vous êtes quelque part parce que vous devenez un vrai produit commercial. Moi malheureusement, j’ai des soucis de santé qui font que je ne peux pas 100 concerts à l’année. J’ai des années où j’ai 50 concerts et c’est déjà bien. Ça me suffit. Et puis je suis maman aussi. Donc je continue à m’occuper de ma famille et à montrer aux enfants qu’on peut être capable d’être sur tous les fronts aussi et leur dire voilà, vous avez un rêve, il faut y croire, il faut se lancer.