La toile « Marat assassiné » est aux Musées de Sens

Belle prouesse de l’équipe en charge des Musées de Sens dirigés par Nicolas Potier, un conservateur plein de ressources a priori. 🙂

Un prêt exceptionnel du Château de Versailles, dans le cadre du plan « Culture près de chez vous », du tableau « Marat assassiné », l’une des quatre copies peintes dans les ateliers du maitre sur demande de la Convention en 1794. Et l’une des deux copies que David avait gardé avec lui lors de son exil.

Où trouver cette toile ?

Cette toile est exposée au premier étage des musées, dans la salle des Jubés, aux côtés du tableau « Jupiter et Antiope » peint par David avant 1771 et légué aux Musées de Sens en 1896 par le peintre Adolphe Guillon. David a souvent séjourné à Sens chez son oncle François Buron, architecte. Il avait offert cette toile à Mme Baudry, petite fille de François Buron.

Il sera visible du vendredi 25 janvier 2019 au lundi 3 juin 2019.

Propagande de la Convention

Cette toile montre Jean-Paul Marat, député montagnard et ami de David, mort assassiné dans sa baignoire par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. David, qui avait rendu visite à Marat la veille de sa mort, l’a représenté en martyr de la Révolution arrêté en plein travail. A noter que Marat était tenu de prendre souvent des bains car atteint d’une maladie de peau.

Qui est Marat ?

Un personnage fascinant, quelque peu imbus de sa personne avec un goût prononcé pour la polémique mais incontestablement en avance sur son temps, Jean-Paul Marat est bien connu comme étant un fervent révolutionnaire des premiers jours et auteur du journal politique L’Ami du Peuple. Mais il fut également un scientifique contrarié, rejeté par l’Académie des Sciences, attisant ainsi encore plus sa haine des institutions.

Il suit des études de médecine en autodidacte à Paris. Puis, en 1775, il est reçu docteur en médecine à l’université de Saint-Andrew, en Écosse, il rentre à Paris en 1776. En 1778 il débute des recherches sur le feu, l’électricité et la lumière. Certains académiciens assistèrent à ces expériences dont un certain Benjamin Franklin.Malgré le rejet de l’Académie, Marat publie ses Recherches physiques sur l’électricité, s’attirant ainsi les foudres de scientifiques renommés dont Lavoisier. Il publie ensuite un Mémoire sur l’électricité médicale, couronné le 6 août 1783 par l’Académie Royale des Sciences de Rouen.

Marat avait confiance en sa science. Il démontera la théorie de Newton selon laquelle il existe sept couleurs primaires. Pour lui, il n’y en a que trois : le rouge, le bleu et le jaune. Bref, trop de démêlés avec l’Académie des Sciences lui valurent, au final, de perdre son statut de médecin.

Qui est David ?

Jacques-Louis David est un peintre contemporain et ami de Jean-Paul Marat considéré comme le père du mouvement néo-classique dans la lignée de Nicolas Poussin. La première oeuvre importante du peintre fut le « Bélisaire » qui lui valut le titre d’agréé à l’Académie de peinture. David se consacrera ensuite à un style latinisé inspiré de Tite-Live et des « Vies » de Plutarque. On lui connait notamment « Le Serment des Horaces » et la « Mort de Socrate et Brutus », toile peinte en 1789.

Mais David était également un homme engagé, admirateur de Marat, député de Paris à la Convention nationale en 1792. Il devint membre du comité de Sûreté générale et président de la section des interrogatoires et participa activement à la politique de la Terreur. Le 5 janvier 1794, il fut nommé président de la Convention, jusqu’au 21 janvier.

En juillet 1794, Robespierre, dit l’Incorruptible, dénonça une conspiration au sein des comités. Certains députés, effrayés par l’idée d’être arrêté et exécuté comme la loi Prairial le permet, finissent par se dévoiler. Tous les membres du Comité de Salut public (gouvernement de la France) sont arrêtés et transférés à l’Hôtel de ville de Paris, se retrouvant sous la protection des sans-culottes. Le député Barras rassemble des troupes et entre dans l’Hôtel de ville. Rosbespierre fut blessé dans la confusion.

Le 27 juillet, David apporta son soutien publiquement à Robespierre. Mais il échappa à une première vague d’arrestations en ne venant pas à la Convention.

Robespierre fut guillotiné le 28 juillet 1794 ainsi que près de 80 autres robespierristes. Le 31, il fut sommé de s’expliquer sur ce soutien de Robespierre. Il fut ensuite du Comité de sûreté générale. Événement qui marqua la fin de sa carrière politique. David fut emprisonné ensuite par deux fois et consacra le restant de sa vie à la peinture.

Qui est Charlotte Corday ?

Jeune femme d’à peine 25 ans, Charlotte de Corday d’Armont est issue de la noblesse ancienne. Elle reçoit une éducation soignée au sein du pensionnat de l’abbaye de la Sainte-Trinité aux Dames de Caen. Elle dévore entre autres des livres de philosophie ( Montesquieu, Rousseau, etc.) et de littérature dont les œuvres de son aïeul et célèbre dramaturge Pierre Corneille. En 1793, Charlotte Corday assiste à des assemblées de Girondins chassés par les Montagnards et exilés à Caen. Elle se rallie à la cause républicaine mais exècre catégoriquement les dérives de la Révolution Française dont la Terreur. Pendant ces réunions, elle apprend que l’instigateur de cette Terreur est un certain Jean-Paul Marat.

Le 9 juillet elle quitte Caen Paris. Le 11 juillet 1793 elle prend une chambre à l’hôtel de la Providence, rue des Vieux-Augustins (l’actuelle rue Herold dans le 1er arrondissement). Le 13 juillet 1793, elle se rend au Palais-Royal où elle achète un couteau de cuisine, puis se rend chez Marat, qui réside au n° 30 de la rue des Cordeliers (l’actuelle rue de l’Ecole-de-Médecine dans le 6ème arrondissement). Ses deux premières visites se soldent par un échec, Marat étant très protégé par son entourage. La troisième fois, elle prétexte avoir pour Marat des nouvelles des Girondins basés à Caen de la plus haute importance. La femme de Marat, Simone Evrard fait barrage mais l’homme politique lui accorde tout de même une entrevue alors qu’il est encore dans son bain. Seul moyen de soulager son eczéma.

Charlotte Corday est immédiatement arrêtée pour le meurtre de Marat par le commissaire de la section du Théâtre-Français, alerté par la foule. Elle ne se débat pas et avoue son crime y compris pendant son procès qui début le 17 juillet à 8h00. Procès au cours duquel elle explique la nécessité de son sacrifice pour sauver d’autres vies, considérant que Marat est responsable d’un véritable désastre. Elle est reconnue coupable et condamnée à la peine de mort. Elle est guillotinée le 17 juillet à 18h30.

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