Oui, c’est « Aux femmes de décider »

Vue dans la presse cette semaine, la loi anti-avortement promulguée dans l’état de l’Alabama aux Etats-Unis. Une régression totale. Mais plus globalement, je suis toujours effarée de voir que des hommes, qui seront toujours dépourvus d’une vision empirique de cette pratique, a fortiori, sont toujours autorisés à gouverner le corps de la femme en ce 21ème siècle. Dans un même temps, lorsqu’on observe l’histoire des femmes et la position qu’elle occupe dans l’histoire de l’humanité, on ne peut que constater son état embryonnaire. Mais cela ne suffit pas à justifier cette absurdité que l’on pourrait même qualifier d’anachronisme. Soyons fous…

L’intimité des femmes demeure la propriété du masculin à travers des lois sous prétexte d’une considération des droits de l’enfant à naitre. Ce dernier étant défini selon des questions éthiques et des opinions religieuses car scientifiquement, l’avortement, ou IVG (interruption volontaire grossesse), intervient incontestablement avant que le fœtus ne soit viable. Aussi, il ne me semble pas pertinent que dans une société dite laïque et évoluée, on légifère sur des questions qui n’ont pas lieu d’être, sous la pression d’esprits étriqués aux valeurs obsolètes. Il s’agit là d’une véritable hérésie d’autant que les libertés individuelles de la femme en tant que citoyenne sont largement bafouées. Comment peut-on forcer une femme à être mère ?

Source de l’image : Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)

Le monde continue-t-il donc d’ignorer la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne par laquelle « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits » ? Olympe de Gouge, féministe du 18ème siècle, doit bien se retourner dans sa tombe voyant que près de 230 ans plus tard, nous en sommes à ce point-là. Pardon, n’exagérons pas. Les hommes nous ont bien fait cette faveur du droit de vote, de l’ouverture d’un compte en banque et de l’accès à la propriété. Louons ainsi la bonté d’âme des hommes du 20ème siècle, du moins celle des hommes de pouvoir. D’ailleurs cette seule notion fait toute la différence. Car rappelons que les hommes, autres que les grands propriétaires, n’avaient obtenu le droit de vote qu’un siècle avant les femmes. Ces dernières n’ont donc pas l’apanage de l’injustice mais la mémoire se dissout bien souvent avec le temps et sous le poids d’un sentiment de puissance.

Mais ce n’est pas tant ce constat d’injustice sans distinction de sexe qui devrait amener l’homme à laisser la femme décider d’avorter ou non, sans qu’aucune loi ne mette son grain de sel. Un autre fait, et de taille, montre qu’il n’y a pas à légiférer, ni à tergiverser et que le droit de disposer de son corps devrait être littéralement inscrit à la constitution. L’enfant à naitre n’ayant pas d’existence réelle, les femmes sont de fait les seules à subir les conséquences de l’acte ou de l’absence de l’acte sur le plan physique et psychologique. Elles seules doivent affronter la horde d’examens et de questions en préambule de l’avortement. Elles seules doivent assumer un choix souvent nécessaire, allongées sur un lit d’hôpital après opération. Une culpabilité personnelle, une honte, le courroux éventuel d’une jeune société dont les progrès restent à prouver, une pression sociale implicite qui martèle leur cerveau.

Et en cas d’absence d’avortement, inutile de préciser que seules les femmes connaitront les désagréments d’une grossesse non désirée, d’un sentiment d’impuissance, peut-être, et le bouleversement d’une vie entière. A cet instant, la femme perd toute liberté d’être et de jouir pleinement de son existence parce qu’une poignée de gens s’estiment offusqués. La liberté de chacun ne doit pas nuire à celle des autres, certes, à condition que cette nuisance ne soit pas un mythe.

A voir aussi : Le sexe faible n’est pas celui qu’on croit

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