Covid-19 : les possibles effets pervers de la campagne de masques faits maison

Des appels à la solidarités pour la fabrication de masques de protection contre le coronavirus Covid-19 déferlent en ce moment sur la toile via les réseaux sociaux. Beaucoup de couturières prêtes à mettre la main à la pâte pour venir en aide aux personnels soignants, notamment dans les hôpitaux, y proposent fièrement leurs ouvrage. Les organes de presse locaux, régionaux et nationaux relaient à tout va ces initiatives a priori louables et proposent même de nombreux tutoriels pour les confectionner soi-même.

Cet élan de solidarité qui a pour objectif de pallier à la pénurie de masques de protection FFP2 ou FFP3 dans les milieux médicaux pourrait toutefois avoir certains effets pervers. Ces masques de protection proposés par les couturières ne sont absolument pas homologués EN 149 : 2001 (texte n°173 du JO n°226 du 28 septembre 2006 et à la directive européenne n°89 / 686/ CEE du 21 décembre 1989). Ces masques doivent également être constitués de fibres non tissées en polypropylène. Le taux de fuite de particules vers l’intérieur des FFP2 étant de 8% maximum et de 2% pour les FFP3.

De simples masques en tissu ne répondent pas à ces normes. Ils ont, par conséquent, une capacité quasi nulle à contenir les agents pathogènes, des micro-organismes. Un simple masque ne peut filtrer les particules. Aussi, si certains médecins s’aventurent à répondre qu’un simple masque en tissu est « mieux que rien », une phrase devenue un véritable slogan, j’ai l’impression qu’en réalité, c’est comme si on ne portait rien au final. Pire que cela pourrait induire le grand public en erreur et mettre en péril la lutte contre le virus.

Il est facile d’imaginer que le milieu médical est parfaitement conscient du danger et qu’il respecte les consignes sanitaires. Le risque est là, mais il demeure amoindri même avec le port d’un masque totalement inefficace. En revanche, si jamais le grand public, pas toujours fiable côté hygiène, se mettait à baisser la garde et prendre quelques libertés sous prétexte que ces masques faits maison les protègent un minimum, tous les efforts consentis pour endiguer l’épidémie seraient réduits à néant.

De plus, l’un des messages colportés lors de ces campagnes de solidarité est que l’efficacité de ces masques n’a pas d’importance du moment qu’il n’est pas porté par des personnes atteintes du virus. Or il a été clairement établi que les gens ne développaient pas nécessairement des symptômes leur permettant de penser qu’ils sont malades et que beaucoup de gens peuvent être porteurs du virus sans le développer et que ces personnes demeurent contagieuses. C’est en effet l’aspect sournois du Covid-19.

En somme, croire que ces masques faits maison, accueillis comme le messie, sont une solution viable vis à vis de la pénurie de masques certifiés est très dangereux à mon sens. Car si cette idée est née d’une noble intention, les informations qui les accompagnent sont erronées, et elle peut, au final, maintenir dans l’ignorance et entraîner des comportements à risques.

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