Ce que je trouve scandaleux, c’est l’immunité des pères dans les modes de partage de garde d’enfants en cas de séparation ou de divorce. Qu’on s’entende bien, je ne parle pas des pères qui se réunissent au sein d’une association afin de faire valoir leurs droits lorsqu’ils sont bafoués ni des pères qui assument pleinement leur rôle, mais de ceux dont la négligence ne gêne pas grand monde, du moins d’un point de vue légal.
Du droit de vote à l’autorité parentale
Les droits des femmes évoluent lentement mais sûrement. L’émancipation de la femme demeure assez récente en réalité. Les mentalités changent au fil du temps grâce aux figures emblématiques féminines de l’histoire ou des associations qui mènent des combats bien sentis. La femme peut voter depuis 1944. Elle peut exercer une profession et ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation du mari depuis 1965. La loi n° 70-459 du 4 juin 1970 abolit la notion de puissance paternelle et instaure celle d’autorité parentale. La loi n°2002-305 du 4 mars 2002 spécifie que « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant ».

Lorsque le père déclare qu’il n’a pas un sou
Aujourd’hui, dans 75% des cas, la garde est accordée à la mère, avec l’accord du père dans 80% des cas. Lorsque les deux parents n’optent pas pour une garde alternée, le père dispose d’un droit de visite et d’hébergement. Le mieux dans tous les cas, mais ça n’engage que moi, est de faire appel au JAF (juge des affaires familiales) afin d’officialiser un mode de garde et les conditions dans lequel il doit se dérouler. Jusque là tout va bien. Les conditions sont clairement établies et le JAF définit le montant de la pension alimentaire que doit verser le père… ou pas. Il règne parfois une injustice à ce propos, lorsque le père prouve son insolvabilité et la maintient pendant des années. La mère se retrouve lésée car elle doit prendre en charge, seule, tous les frais concernant l’éducation de leur enfant, sans que le père n’y soit contraint.

Je suis ton père… quand j’veux
Ce qui m’horrifie le plus, c’est l’acceptation totale de la négligence paternelle, tel un vestige d’une société patriarcale soi-disant réformée. Concernant la garde des enfants, l’article 227-5 du Code Pénal stipule bien que « le fait de refuser indûment de représenter un enfant mineur à la personne qui a le droit de le réclamer est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ». Si le père est soumis à cette loi au même titre que la mère en cas de non-représentation, rien ne l’oblige, en revanche, à exercer son droit de visite et d’hébergement. Le père n’est pas sanctionné en cas de manquement lorsqu’il s’agit de venir chercher l’enfant. Un comble dans une société qui défend la protection de l’enfance et qui se dit pour des lois et des pratiques prenant en compte l’intérêt de l’enfant. Mais où est l’intérêt de l’enfant lorsqu’un père ne respecte pas ses engagements auprès lui et considère le droit de visite et d’hébergement comme une option, alors que spécialistes et médias vantent l’importance du père dans la construction mentale de l’enfant ?

En somme, lorsque le père est désinvolte, la mère doit supporter bon nombre d’obligations souvent lourdes de conséquences comme une précarité financière, tandis que le père s’accorde un mode d’accueil de son enfant à la carte et à moindre frais, la bouche en cœur, s’il vous plait. Ou même si ça ne vous plait pas.
Photo de l’article par Ryan McGuire de Pixabay