Harcèlement scolaire : quand les écoles vont-elles enfin bouger leurs fesses ??

Ce que je souhaite raconter ici, c’est mon expérience en tant que mère, mon incompréhension face aux difficultés rencontrées par mon fils et dont il a énormément souffert.

A une époque, mon fils me disait, enfin, me hurlait en pleurant, qu’il voulait mourir. Un père qui ne cesse de se servir de lui pour atteindre, des camarades d’école moqueurs et violents, une école peu ou prou à l’écoute.


Parfois, les administrations scolaires traitent la violence d’une drôle de manière. On dirait qu’elles se protègent de toute brimade allant même jusqu’à créer des injustices. Moi-même j’en ai fait les frais au collège dans les années 80.

Juste pour l’anecdote, un jour, alors que j’étais dans la cour, je me suis dirigée pour ramasser une balle de tennis, pour la rendre à des élèves qui avaient improvisé un foot pendant un temps de pause. L’un des gamins s’était dirigé vers moi furieux et m’a frappé au visage d’un coup de poing. La lèvre en sang, des points de suture et….. 4 heures de colle. Pour moi. Pour m’être bagarrée.

Une bagarre… c’est donc ainsi que les écoles appelaient une agression physique unilatérale. J’avoue que ça me laisse perplexe aujourd’hui.

On pourrait se dire que des progrès ont été faits depuis.
Ce serait logique.
Ce serait merveilleux.
Que nenni !

Aujourd’hui, est-ce pire, est-ce pareil, est-ce mieux ?

En apparence oui, les choses commencent à changer. On peut admirer de belles affiches dans des vitrines sur les murs des écoles. Elles montrent un réel engagement pour la lutte contre le harcèlement, des messages d’alerte, des numéros de téléphone. Ça rassure indéniablement. On se dit, en tant que parent, que l’établissement se sent enfin concerné, que les enfants sont enfin entendus.

Mais ce qu’il faut savoir, en fait, c’est que si le gouvernement s’en préoccupe, ce n’est pas le cas des écoles qui ne comprennent absolument rien à l’affaire. Ils savent à peine ce que signifie le mot « harcèlement ». Elle sont un peu comme ces gens qui pensent encore que les femmes violées ont forcément fait quelque chose qui a pu mener à cette violence sexuelle.

C’est là qu’on se rend compte que la notion de bienveillance n’est qu’un slogan tape-à-l’oeil typique du 21e siècle. En réalité, beaucoup de gens sont ignorants, voire bêtes parfois, peu évolués. Et ça ne risque pas de s’arranger avec cet individualisme grandissant qui caractérise notre société.

A l’heure actuelle, vous avez tout intérêt à composer ces numéros, pour commencer. Car ils sont souvent, au final, la seule solution, une décharge de l’administration scolaire et des équipes pédagogiques, votre seule issue pour répondre à la détresse de vos enfants.

« Agir contre le harcèlement à l’école »
Ah ah !

Mon fils, qui a 9 ans aujourd’hui, est tout juste dans la moyenne au niveau de sa taille. Le fait est que la plupart des enfants sont plus grands que lui. Les gênes, la malchance, ou bien les autres enfants carburent-ils trop à la protéine. Peu importe…

Il aurait pu s’en accommoder et compenser avec un cerveau bien fait. Mais c’était sans compter sur la méchanceté des enfants. Je veux bien croire que cette méchanceté n’est pas innée, qu’elle est le reflet d’un besoin individuel de survie, d’appartenance, d’une éducation ou d’un mal être. Mais depuis la maternelle, mon fils subit des moqueries sur sa taille, des violences verbales et souvent physiques. Et même, étrangement, sur son intellect. Ça fait très mauvais genre de bien s’exprimer de savoir des choses, a priori…

Casse-toi tu pues, et marche à l’ombre !

Déjà à l’origine, et cela m’a choquée, les enfants intègrent parfaitement cette violence, même minime, dans leurs jeux. On ne joue plus à chat. On se pousse, on s’attrape, on se heurte, on se donne des coups de pieds. J’ai été encore plus outrée lorsque j’ai découvert que même les enseignants l’acceptaient comme tel. Je ne compte même plus le nombre de fois où on m’a sorti : « oh vous savez, ils jouent ».

« Ils jouent »…. !!??

Toujours est-il qu’un jour c’est arrivé. L’école m’appelle. Je dois m’y rendre en urgence. Mon fils avait la bouche en sang, une dent cassée. Les gamins « jouaient » dans la cour, de la même manière que je l’ai décrite plus haut. J’apprends que l’un d’eux a empoigné mon fils et l’a projeté contre un mur. Ce jour-là évidemment, les enseignants n’ont pas osé me dire qu’ils ne faisaient que jouer. Mais la maîtresse avait tout de même du mal à admettre que leur façon de s’amuser laissait à désirer.

Parfois, j’ai envie de les secouer, littéralement.

Bref. Grand moment de solitude.

J’ai de la chance dans un certain sens, mon fils me raconte tout. Même lorsqu’il est en faute. Je ne sais pas si ça durera pendant l’adolescence alors j’en profite un maximum pour dialoguer et l’accompagner au mieux.

J’apprends donc par la suite que cet enfant, qui a pris le jeu du chat pour une épreuve de lancer de poids (le poids étant mon fils), s’en prend souvent à mon lui, ainsi qu’un autre gamin dont la carrure lui permet de dominer autrui physiquement.

J’apprends aussi que le lanceur de poids lui réclamaient régulièrement 50 euros. Mon fils est en CE1 à l’époque ! Et j’apprends ensuite que mon fils a rapporté un billet de 10 euros à l’école et l’avait donné à cet élève.

Au début, mon fils s’est fait réprimandé par l’équipe pédagogique. Vous vous rendez compte, il a amené de l’argent à l’école. Ils n’ont pas cherché à comprends davantage.

Et puis je suis allée voir la directrice pour lui expliquer qu’il subissait un harcèlement quotidien, physique, moral. J’ai même évoqué un racket. Mais cette directrice n’a eu pas le temps de me recevoir. Vous comprenez, les formations, les réunions, la préparation des grandes vacances, c’est chronophage. Elle a tout de même pris 5 minutes devant le portail de l’école pour expliquer à mon fils qu’il fallait absolument qu’il parle à un adulte en cas de problème.

Mon fils avait simplement acquiescé de la tête. Il n’y a eu aucune suite.
Mais qu’ont-ils dans le fion sérieux ?

Oui, c’est la grande phrase. « Il faut en parler à un adulte ».

Il m’en parle à moi parce qu’il a confiance. Il faut dire que ses plaintes auprès des enseignants n’ont jamais vraiment porté leurs fruits. Une petite punition par ci, par là, enfin si l’on considère que faire asseoir un enfant sur un banc pendant la récréation est une punition, et puis un « ce n’est pas bien ». Et ça s’arrête là.

D’ailleurs, le pire que j’ai pu voir au niveau des réactions des professeurs, c’est en maternelle. Mon fils me dit qu’un de ses camarades a tenté de l’étrangler. Horreur ! Lorsque j’en parle à sa maîtresse, j’essuie un « ah je ne sais pas, il ne m’a rien dit ». Quoi c’est tout ?

Alors que quitte ce « mur » et je m’adresse à la maman de l’enfant en question, afin d’essayer de savoir si c’est vrai. J’y vais avec des pincettes. Gênée, elle demande des comptes à son enfant qui semble bien avoir fait ce dont mon fils l’accuse. Elle se confond en excuses. Je compatis.

Et là, l’enseignante déboule dans le couloir et s’adresse directement à mon fils. Je devais être invisible, sans doute.
Elle lui parle sèchement, l’air menaçant, avec son doigt pointé vers lui et dit, en gros, que comme elle n’en a pas eu connaissance, ça n’a pas vraiment existé. Je ne me souviens plus de ses mots exacts. Mais j’étais atterrée. Et mon fils, lui, est passé du statut de victime à celui de coupable.

Bref, en parler à ses parents ne compte pas apparemment…

J’ai tendance à estimer que le corps enseignant devrait avoir pleinement conscience de ces difficultés auxquelles sont confrontés beaucoup d’enfants. Et qu’il devrait tout faire pour protéger les élèves. Parce que c’est leur devoir après l’apprentissage. Ces enfants sont sous leur responsabilité à l’école. Nous, les parents, leur faisons confiance.

Je sais que des professeurs se font agresser par des parents qui ont, peut-être, eux-mêmes subi l’école, l’injustice, les mauvais traitements, l’échec scolaire. Il est possible que ces professeurs soient découragés et fatigués par tant de violence et par les réformes incessantes et exigeantes.

En tant qu’être humain, je ne peux que faire preuve de compassion. Mais en tant que mère, et même si je vois que cette société est malade, dysfonctionnelle, je ne peux qu’exiger d’eux toute leur attention, toute leur énergie pour faire en sorte que les enfants se sentent bien à l’école, et non en échec, en insécurité.

« J’en ai marre de ce monde de merde, je veux mourir !!!! »

Vous imaginez un enfant de 9 ans dire ces mots ? Ils raisonnent en moi chaque jour. J’espère être intervenue de la meilleure manière. J’espère avoir rassuré mon fils. Et surtout, j’espère qu’il a compris que ce n’était pas sa faute. En tout cas, il semble plus serein aujourd’hui.

Ma dernière frayeur date de cette année. Il rentre de l’école en me disant qu’un enfant lui avait mis la tête sous l’eau trois fois de suite à la piscine. Il m’explique qu’il a eu la sensation d’étouffer. Il croyait qu’il allait se noyer.

Après quelques questions, je me dit que les cours de natation se déroulent bizarrement. J’avais le souvenir d’être obligée d’attendre sagement sur le banc, enveloppée dans ma serviette. Et là, les enfants étaient libre d’aller s’amuser dans l’eau entre deux exercices. Pire, j’ai eu vent de cessions totalement dédiées au jeu libre…

Vue mon expérience avec cette école, j’ai préféré contacter l’inspection académique, par mail, afin de lui expliquer la situation.

Résultat, on m’a convoquée dans le bureau du directeur de l’école. Comme si j’avais 15 ans. Avec mon fils, on s’est retrouvés cernés par le directeur, la maîtresse et une autre personne dont je ne me souviens plus du visage. Ils m’ont reproché de m’être directement adressée aux hautes instances. Ils m’ont dit que les enfants étaient comme leurs enfants. Ils m’ont dit aussi qu’ils n’en avaient pas entendu parlé. Leur rengaine préférée.

C’est quoi, de la névrose ?

Je leur ai expliqué que mon fils était allé se plaindre à une enseignante et qu’il avait eu droit à un haussement d’épaules et à un « pfff… bah c’est rien ça… ». En même temps, j’ai appris par la suite que cette enseignante avait décidé de francisé les prénoms des élèves qui avaient une consonance étrangère. Si si, c’est vrai ! Alors bon une pseudo noyade… Osef !

Au final, j’ai de nouveau évoqué cette violence dans l’école, les jeux, le fait que des enfants se faisaient frapper dans les toilettes.

Le merveilleux monde de l’élémentaire quoi…

A cela, ils m’ont répondu que mon fils aussi donnait des coups de pied. Evidemment, je lui ai toujours formellement interdit. Mais je crois qu’il était prêt à tout pour s’intégrer, jusqu’à les imiter dans les moindres détails en racontant même qu’il avait une console de jeux, qu’il jouait à GTA… bref tout ce dont ses camarades lui rabattaient les oreilles à longueur de temps. Pendant ce temps-là, ils ne se moquaient plus ni ne le frappaient.

Un jour, dans une discussion, il m’a simplement dit : « Il faut bien que j’ai des copains… »

C’est là toute l’histoire. Ce sentiment d’appartement pour échapper à la solitude, au rejet et une école sourde, aveugle et muette, comme ces trois singes de la sagesse.

« Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal »

Triste je suis pour mon fils…. et ce n’est pas faute de lui répéter de rester lui-même et de s’aimer. La pression sociale est trop forte et la sensation d’abandon ne fait que croître.
Aujourd’hui, il ne veut plus aller à l’école.
J’ose espérer que son CM1 se passera mieux…

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6 réflexions sur “Harcèlement scolaire : quand les écoles vont-elles enfin bouger leurs fesses ??

  1. Pour moi c’est le collège qui a été le plus terrible, c’est aussi le moment où je n’ai plus osé dire ce qui m’arrivait et certaines périodes ont été horribles. J’ai arrêté l’école dès que je suis devenu majeur et ça ne m’a pas aidé pour la suite. Mais ça ne m’a pas empêché non plus de devenir quelqu’un de gentil, je suis un peu obsédé par toutes les inégalités et injustices et j’aimerais que le monde devienne meilleur. Malheureusement ça n’en prend pas le chemin…
    Ce qui est horrible comme le montre cet article c’est que parfois les rôles sont inversés, et même si on se défend une fois sur cent ça nous retombe dessus. Le fait que l’école essaie de minimiser les choses est affreux aussi, n’importe quoi a plus d’importance que ça alors que chaque année des enfants vont jusqu’au suicide pour en finir. 😦

    J’espère que ça ira mieux pour ton fils, il faut rester très vigilant car ce genre de choses peut recommencer chaque année comme le montre le témoignage que j’ai fait il y a deux ans sur un autre blog. Je le laisse en lien avec mon prénom si tu veux le lire.

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    1. Je l’ai lu et c’est vraiment triste d’avoir une telle expérience. J’ai lu quelques passages à mon fils. Il était content de constater qu’il n’est pas seul, même si ce n’est pas à la même époque.
      Merci beaucoup pour le partage, je l’ajouterai sans doute comme article externe sur mon blog.
      C’est clair, il faut dénoncer. Je n’ai pas ma langue dans ma poche, de ce côté ça ira 🙂
      Il faut absolument que ça change;

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      1. Romain

        Merci à toi. ^^
        Le monde est vaste et il se passe beaucoup de bonnes choses comme de mauvaises. Il ne faut pas que ton fils désespère, il croisera forcément la route de bonnes personnes et sera plus fort pour affronter les mauvais moments.

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